L'epeire des roseaux, locataire des anciens trous d'exploitation...

Ancien trou d'exploitation.

Comme beaucoup de ses congénères, Larinoides cornutus mérite que l'on s'y attarde un petit instant. Son observation ne sera pas des plus faciles, car ici, sur la tourbière de Gayme près de Picherande, dans le massif du Sancy, elle tisse sa toile en travers et au dessus des anciens trous d'exploitation de la tourbe.

 

Cela étant, la tâche pour le photographe observateur que je suis, ne sera pas de tout repos, car je suis obligé de m'allonger au sol, en me tenant au dessus d'une eau à l'odeur nauséabonde. Toutes ces images seront souvent réalisées  , l'appareil photographique tenue à bout de bras, sans l'aide d'un pied.

Sur certaines images, on peut observer facilement les organes sexuels du mâle, implantés au bout de ses pédipalpes (la deuxième paire d'appendices sur le céphalotorax de celui-ci).

Chez l'araignée, ces appendices sont terminés par une protubérance souvent velue, appelée aussi gands de boxe, et contenant les organes reproducteurs.  Les pédipalpes dépourvus de ces organes sexuels, chez la femelle, ainsi que son épygine, sont des moyens de différencier, le mâle, de la femelle et surtout, certaines espèces.


Cette petite Epeire, est relativement en grand nombre sur la tourbière de Gayme, et ce, du printemps à l'automne.

Comme je l'écris au début de l'article, elle préfère tendre sa toile au dessus des trous d'eau, reconquis par les Sphaignes et très peu par les Droséra pour certains, mais plus propices aux passages incessants des insectes et des odonates, tel-que les Agrions.

 

Sa toile est très sommairement construite dans la plupart des cas, et ne dépasse que rarement une vingtaine de rayons. Pour construire sa toile au dessus d'une partie en eau, elle commence en tissant un fil fait avec une soie très solide, qu'elle tend entre deux grandes herbes, d'un bord à l'autre du trou d'exploitation. Puis, elle tisse très sommairement une vingtaine de rayons, entre les différents fils "organisateurs", de ce petit chef-d'oeuvre, qui, toutefois, je le redis, est souvent bâclé...

 

Cette araignée est très reconnaissable au dessin très typique qui orne son abdomen. Ici, elle est de couleur relativement foncée, d'un brun rougeâtre. Sa taille ne dépasse pas les 15mm, pour la femelle et un petit 8mm pour le mâle, rien de bien inquiétant pour celles ou ceux qui auraient encore certaines appréhensions à les approcher de plus près.

Une particularité très forte chez cette araignée, est qu'elle est dotée d'un caractère très sympathique. En effet, cette araignée, ne mange pas son mâle après l'accouplement. Sur certaines images, on remarquera que celui-ci est souvent placé aux côtés de sa belle et qu'ils passent des jours heureux ensemble. Cette Epeire, ne fait pas preuve de cannibalisme.

 

Une petite astuce, pour reconnaître à coup sûr cette espèce, c'est le petit "habitat" fait de toile de soie, où elle passe le plus clair de son temps, à l'abri des regards et des intempéries. Il arrive et selon son environnement, qu'elle utilise une feuille d'arbrisseau, pour confectionner sa retraite.

 

Quand l'automne prend ses quartiers, cette araignée a la particularité de passer l'hiver dans les tiges d'ombéllifères (Angéliques), en fabriquant une espèce d'antigel, qui l'empêche de mourir de froid. Ainsi, protégée et à l'abri, elle est capable de résister à des froids très intenses, jusqu'à -20°.

Dès le printemps revenu, elle est la seule espèce à pouvoir profiter de nouveau des bestioles volantes, prises dans sa toile. Les autres araignées, ses voisines de l'année précédente, n'auront pas cette chance, car elles auront certainement trépassé, durant l'hiver.

 

Cette araignée, tisse sa toile sur les tourbières de moyenne montagne et ce, jusqu'à l'altitude de 1000m, rarement au dessus.

 

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